On entend souvent que le pouvoir rend fou, et on parle de la "folie des grandeurs". L'idée communément admise est que l'humain, s'il se trouve en position de pouvoir sur les autres, adopte rapidement un comportement anormal, hors du commun. Comme le formule Montesquieu, "tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser".
Toutefois, je me demande si l'on ne peut pas inverser cette proposition. Et si, dans de nombreux cas, la folie conduisait à rechercher le pouvoir ?
Par folie, j'entends ici, de manière large, la manière selon laquelle un individu perçoit le monde extérieur, et qui est assez éloignée de la réalité (le mot réalité pouvant bien sûr lui-même faire l'objet d'une discussion). Ainsi, au sens large, la folie pourrait être comprise comme l'isolation d'un individu dans sa façon de percevoir le monde.
Et si, bien souvent, une quête de pouvoir n'était que la réponse à un besoin de se convaincre que sa vision du monde n'est pas folie ? Imaginons le scénario suivant. Je vois le monde d'une certaine façon, notamment concernant les rapports que j'entretiens avec les gens que je rencontre et qui m'entourent. Mais j'ai la suspicion que je suis assez seule dans ma façon de voir les choses. Afin de me rassurer, je tente de faire partager cette perception. Et, pour cela, je sens que j'ai besoin d'avoir du pouvoir sur les autres, afin que, d'une part, ils n'aient d'autre choix que d'admettre ma vision comme vraie - peu important dans cette discussion que la vision soit effectivement réaliste ou non, et que, d'autre part, ma perception devienne en quelque sorte la réalité que les autres devront donc admettre. Par exemple, Hitler, torturé par son aryanisme et sa haine du judaïsme, a tenté de transformer la société pour la mettre en accord avec sa vision - vision qui n'était pas en accord avec la réalité sociale.
En d'autres termes, je me demande si l'on ne peut pas expliquer le lien entre folie et pouvoir par l'adjonction du facteur réalité. Ma folie me pose en décalage avec la réalité ; et ainsi s'initie le mouvement consistant à essayer de conformer la réalité à ma folie, mouvement pour lequel de plus en plus de pouvoir est requis.
J'ai conscience que mon propos n'est pas ici des plus clairs, mais il peut probablement se simplifier en la proposition suivante : le besoin de pouvoir est probablement nourri en grande partie par la folie, peut-être bien plus que le pouvoir n'alimente lui-même la folie. Et pour faire le lien entre folie et besoin de pouvoir, il faut introduire l'idée d'autrui. La quête de pouvoir comme on l'entend habituellement est celle du pouvoir sur autrui, ce pouvoir consistant à avoir les moyens - ne serait-ce qu'à l'état de possibilité - d'imposer à autrui sa vision du monde. Hors, si je suis folle, ma vision du monde n'est pas, par définition, largement partagée par autrui, et voire est difficilement partageable. Pour pouvoir la partager, je vais donc avoir besoin de l'imposer, et pour cela, il me faudra du pouvoir sur les autres. Et autrui étant par nature inappropriable, ma soif de pouvoir sera aussi inextinguible que ma folie.
Toutefois, si j'ai besoin qu'autrui se plie à ma réalité, c'est parce que le fait que cette réalité soit mienne ne me suffit à la rendre certaine ; j'ai besoin que les autres me renvoient l'assurance que je ne suis pas seule à voir les choses ainsi, en d'autres termes, que je ne suis pas folle.
vendredi 28 octobre 2011
mardi 25 octobre 2011
La beauté de Trois couleurs: Bleu, Blanc, Rouge
Krzysztof Kieslowski a réalisé en 1993-1994 une superbe trilogie cinématographique, tournée entre la France, la Pologne et la Suisse.
Chacun des films est axé autour d'une couleur. Comme l'on peut s'y attendre, cette trilogie est centrée sur la France. Je ne vais pas ici me livrer à une critique détaillée de cette œuvre, car d'autres l'ont déjà fait, et ce de manière à la fois très technique et très perspicace (par exemple, voir: http://archive.filmdeculte.com/culte/culte.php?id=123).
Adoptant délibérément un point de vue subjectif et personnel, je veux expliquer ici pourquoi ce film m'a plu, voire m'a enchantée.
Je pense que cela tient beaucoup à la vision du monde et de la vie qu'il propose. En effet, chacun des films a un lien avec les autres, mais un lien fort ténu: on devine que les personnages se croisent autour et au sein du TGI de Paris, par exemple, et une tête que l'on a juste aperçue dans une porte entrebâillée devient un personnage dans un autre film. Il faut bien sûr mentionner que, à la fin, la plupart des protagonistes se retrouvent, mais sans pour autant que le spectateur soit certain qu'ils se soient rencontrés. Des thèmes s'entremêlent, tels que ceux de la justice, de la passion, de la solitude et de l'abandon, ou encore de la musique et de la création. Ce qui m'a saisie dans ces rappels, c'est à la fois leur évidence et leur caractère ténu. Il s'en fallait de peu pour ne pas les voir...et pourtant, dès que l'on commence à y penser, ils semblent crever l'écran.
Tous les personnages, même secondaires, ont une personnalité définie. Et cela n'est pas toujours utile au fil narratif. D'ailleurs, ils semblent également que tous les rappels et les liens que j'ai évoqués, ne soient pas, eux non plus, toujours utiles, en tant que tels, à l'histoire et au déroulement du film. Mais c'est, à mon avis, ce qui fait la beauté de cette trilogie et qui la rend saisissante. Comme la vie, elle est faite de fils, et on ne sais pas immédiatement lequel de ces fils deviendra conducteur, et lesquels s’achèveront, de notre point de vue en tous cas, en effilochage.
Accorder une telle importance aux passants et aux intervenants secondaires à l'histoire principale dénote, je trouve, un respect profond pour la vie et ses possibilités infinies, et pour l'humain et ses potentialités insoupçonnées. De cette façon, Kieslowski nous introduit dans son univers, fait de comique du quotidien - un comique souvent désabusé mais si tangible.
Fondamentalement, comme dans un bon roman, j'aime que les films mettent autant d'énergie à nous promener dans leur univers qu'à nous raconter réellement une histoire.
D'ailleurs, sur ce dernier point, une remarque sur la fonction du récit. Nous avons besoin de récits pour vivre, qu'elle que soit la forme et qu'elle qu'en soit la provenance et le medium. Nous avons besoin que l'on nous raconte des histoires, notamment dans la mesure où les histoires nourrissent notre réflexion ainsi que notre vision de notre propre vie. Le mythe, en étant une forme particulière de récit, symbolise tous les éléments qu'il utilise. Par exemple, dans l'histoire d'Orphée, tout est utile, et tout peut être commenté. Tout peut donner à réfléchir : l'instrument dont Orphée joue, la descente aux enfers, la tête à la fin. Mais dans la plupart des récits, il n'en est pas ainsi - et l'on ne peut vivre que de mythes, nous avons besoin d'histoires qui ont, en quelques sortes, moins de sens et de significations. C'est épuisant un mythe, car c'est lourd de sens. Au contraire, la plupart des récits que nous rencontrons, sont pleins de détails, et d'embryons d'histoires parallèles. Cette structure nous permet de laisser aller notre imagination, ainsi que de prendre conscience que notre propre histoire individuelle est insérée dans un réseau tissé et serré d'autres histoires. Le détail, en apparence futile, nous autorise à rêver, tout en saisissant mieux le contexte du fil narratif principal de l'histoire que l'on nous raconte.
lundi 17 octobre 2011
Plurilinguisme
L'unilinguisme n'est pas une chose normale. Il me semble que, constamment, l'histoire de l'humanité a été faite de mouvements de populations et de personnes. Et le fait que des gens d'origines différentes se retrouvent au même endroit, et que, inévitablement, ces gens aient besoin d'organiser leur vie quotidienne (en termes de besoins primaires, mais aussi d'interactions sociales), conduit à ce qu'un groupe humain géographique parle et s'exprime dans plusieurs langues à la fois.
J'aime beaucoup parler une langue qui n'est pas ma langue maternelle, et je me sens très à l'aise dans un milieu où plusieurs langues sont parlées, et où moi-même j'emploie toutes mes ressources linguistiques pour me faire comprendre et comprendre les autres. Je pense que cela tient beaucoup à ce que je trouve normal de me trouver dans un groupe aux origines diverses, aux langues différentes. Il me semble que, au contraire, les groupes humains qui ont voulu se définir par la pureté de leurs origines et par leur unicité linguistique absolue ne sont pas proche de la vérité de l'histoire humaine, laquelle est propulsée par un besoin fondamental d'exogamie, ce qui conduit à ce que chaque être soit en fait un carrefour complexes d'histoires et d'origines. Personne ne vient absolument d'un endroit, personne n'a pour origine qu'un groupe restreint bien défini, personne ne se forme et grandit dans une seule langue (ne serait-ce que du fait que chaque langue est emplie d'influences et d'échanges avec d'autres langues).
J'aime beaucoup parler une langue qui n'est pas ma langue maternelle, et je me sens très à l'aise dans un milieu où plusieurs langues sont parlées, et où moi-même j'emploie toutes mes ressources linguistiques pour me faire comprendre et comprendre les autres. Je pense que cela tient beaucoup à ce que je trouve normal de me trouver dans un groupe aux origines diverses, aux langues différentes. Il me semble que, au contraire, les groupes humains qui ont voulu se définir par la pureté de leurs origines et par leur unicité linguistique absolue ne sont pas proche de la vérité de l'histoire humaine, laquelle est propulsée par un besoin fondamental d'exogamie, ce qui conduit à ce que chaque être soit en fait un carrefour complexes d'histoires et d'origines. Personne ne vient absolument d'un endroit, personne n'a pour origine qu'un groupe restreint bien défini, personne ne se forme et grandit dans une seule langue (ne serait-ce que du fait que chaque langue est emplie d'influences et d'échanges avec d'autres langues).
mardi 4 octobre 2011
Retour sur l'ambition
Et si l'ambition était un sentiment très utile lorsque l'on se trouve dans une situation qui ne nous convient pas et dont il n'y a peu ou pas d'espoir ou de possibilité de se sortir à court terme ? Autrement dit, et si l'ambition était une réponse à un manque de perspectives immédiates et valorisantes ?
Faudrait-il alors renoncer à son ambition démesurée une fois que les choses s'arrangent ? Le pourrions-nous ?
Faudrait-il alors renoncer à son ambition démesurée une fois que les choses s'arrangent ? Le pourrions-nous ?
dimanche 2 octobre 2011
Discussion avec un avocat
- Ah, tu ne penses pas être avocate ?
- Non, j'envisage plutôt de passer le concours de la magistrature.
- Tu sais que tu pars avec un gros désavantage ?
-Ah bon ? euh, non, je ne vois pas trop. Lequel ?
-Tu es une femme !
- Et ?
- Comme il n'y a pas beaucoup d'hommes qui se présentent, ils sont avantagés, forcément !
----------------
Ce bref échange m'évoque ensuite plusieurs remarques, une fois passé l'agacement que l'on puisse impunément et sans l'ombre d'un scrupule me balancer ce genre de propos, avec en plus une certaine bienveillance affichée. Tout d'abord, cela m'agace que cela m'agace : j'aimerais m'en moquer, et me dire qu'il est juste un niais. Mais le fait est que ça m'énerve, et me prend un peu de mon énergie - sur le moment bien sûr ; maintenant que j'écris ces lignes, j'ai fait passer cette remarque à pertes et profits, et me suis dit que je vaux bien mieux que ces catégorisation catégoriques, et ces mécanismes de pensées (si toutefois on peut nommer ainsi cette réaction) automatiques et étroits.
Ma première remarque est que ce sexisme ordinaire et de bon aloi est bien fatigant à la longue : une petite remarque qui se prétend humoristique par ci, un peu de violence symbolique et décourageante par là, et on un début d'explication de pourquoi les femmes trouvent régulièrement difficile de se faire leur chemin et leur carrière l'esprit en paix avec leurs projets, et un début d'explication de pourquoi le féminisme.Il faut trop souvent ce petit surcroît d'énergie pour surmonter encore un obstacle symbolique, et encore un autre, puis encore un autre, et un autre, etc. Et parfois, comme tout être humain, on en manque d'énergie. Mais cette fois-ci, j'avais opposé à ce propos inepte une répartie que je vous réserve pour la fin de ce post. Et tout en ayant eu cette énergie cette fois, je déplore qu'il faille autant en faire preuve de façon récurrente.
Ma seconde remarque est que je trouve blessant et honteux que notre société accepte ce genre de petites "blagues", auxquelles on ne peut pas répondre grand chose. Quelque part, je dis "oui" au politiquement correct si cela signifie qu'il n'est pas admissible de diminuer - même avec l'intention et l'impression d'être drôle pour l'auteur de ladite "blague" - son interlocuteur en se fondant plus particulièrement sur des caractéristiques innées et, de plus, non pertinentes dans le sujet de discussion.
Ma troisième remarque concerne cette prétendue évaluation au mérite en France. Alors, on m'évalue selon mon mérite ou bien selon des logiques déterministes, archaïques et décourageantes ?
Enfin, ma quatrième remarque est peut-être que cet homme a simplement voulu me tester, et voir comment je réagissais dans une situation un peu inhabituelle et désagréable (mais cette remarque n'annule ni ne remplace certainement pas les précédentes).
Finalement, passé ce profond agacement, je suis allée consulter les statistiques de réussite au premier concours de la magistrature (promo 2010-2011), et je vous les livre ici:
84,93% des présents à l'écrit sont des femmes, et donc 15,07% sont des hommes
83,23% des admissibles sont des femmes, et 16,77% sont des hommes
finalement, 80,46% des admis à ce concours sont des femmes, et 19,54% sont des hommes
Autrement dit, tandis qu'approximativement 10,6% (17 sur 160) des hommes qui se sont présentés sont entrés à l'école de la magistrature, approximativement 7,8% (70 sur 902) des femmes qui se sont présentées sont entrées.
Certes, il faut constater un léger écart statistique, mais:
- il faudrait vérifier s'il se vérifie sur plusieurs promotions
- il faudrait prendre en compte différentes variables et les croiser avec celles du genre: quel est le profil socio-professionnel des étudiants qui se sont présentés et de ceux qui ont été finalement admis, et ce profil est-il uniformément réparti en fonction du genre ? comment les étudiants ont-il préparé le concours (prépa publique, prépa privée, entraînement en groupe, seul, autre ?) et ces manières de faire sont-elles uniformément réparties en fonction du genre ?
Il ne me semble ainsi pas que ces seules statistiques soient très probantes et démontrent que les chances de réussite d'un homme qui se présente à un concours soient significativement plus élevées que celles d'une femme qui se présente à ce concours. En se focalisant sur les différences entre les genres, on finit en fait par les fantasmer et par exacerber la représentation que l'on s'en fait. Tant que l'on ne croise pas le genre avec d'autres variables - qui pourraient très bien se révéler plus pertinentes, dans la mesure où l'écart de réussite constaté pour cette promotion est très faible - on ne peut affirmer de manière certaine que ce soit le facteur le plus déterminant.
------------
Fin du dialogue :
- Bon, en même temps, on nous dit qu'il est difficile pour une femme de réussir dans les milieux masculins, puisque justement il n'y a pas de femmes. Alors, il faut bien aller quelque part de toutes façons, non ?
- Euh (légèrement embarrassé et un peu surpris)...oui mais là, les hommes se protègent entre eux.
J'ai alors jeté un regard entendu à l'avocat, l'invitant à tirer les conclusions de ses propres propos...pourquoi les femmes dans la magistrature ne protégeraient-elles pas alors les femmes ? C'est quoi cette vision pourrie qu'il me propose du monde en prétendant m'encourager ?
- Non, j'envisage plutôt de passer le concours de la magistrature.
- Tu sais que tu pars avec un gros désavantage ?
-Ah bon ? euh, non, je ne vois pas trop. Lequel ?
-Tu es une femme !
- Et ?
- Comme il n'y a pas beaucoup d'hommes qui se présentent, ils sont avantagés, forcément !
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Ce bref échange m'évoque ensuite plusieurs remarques, une fois passé l'agacement que l'on puisse impunément et sans l'ombre d'un scrupule me balancer ce genre de propos, avec en plus une certaine bienveillance affichée. Tout d'abord, cela m'agace que cela m'agace : j'aimerais m'en moquer, et me dire qu'il est juste un niais. Mais le fait est que ça m'énerve, et me prend un peu de mon énergie - sur le moment bien sûr ; maintenant que j'écris ces lignes, j'ai fait passer cette remarque à pertes et profits, et me suis dit que je vaux bien mieux que ces catégorisation catégoriques, et ces mécanismes de pensées (si toutefois on peut nommer ainsi cette réaction) automatiques et étroits.
Ma première remarque est que ce sexisme ordinaire et de bon aloi est bien fatigant à la longue : une petite remarque qui se prétend humoristique par ci, un peu de violence symbolique et décourageante par là, et on un début d'explication de pourquoi les femmes trouvent régulièrement difficile de se faire leur chemin et leur carrière l'esprit en paix avec leurs projets, et un début d'explication de pourquoi le féminisme.Il faut trop souvent ce petit surcroît d'énergie pour surmonter encore un obstacle symbolique, et encore un autre, puis encore un autre, et un autre, etc. Et parfois, comme tout être humain, on en manque d'énergie. Mais cette fois-ci, j'avais opposé à ce propos inepte une répartie que je vous réserve pour la fin de ce post. Et tout en ayant eu cette énergie cette fois, je déplore qu'il faille autant en faire preuve de façon récurrente.
Ma seconde remarque est que je trouve blessant et honteux que notre société accepte ce genre de petites "blagues", auxquelles on ne peut pas répondre grand chose. Quelque part, je dis "oui" au politiquement correct si cela signifie qu'il n'est pas admissible de diminuer - même avec l'intention et l'impression d'être drôle pour l'auteur de ladite "blague" - son interlocuteur en se fondant plus particulièrement sur des caractéristiques innées et, de plus, non pertinentes dans le sujet de discussion.
Ma troisième remarque concerne cette prétendue évaluation au mérite en France. Alors, on m'évalue selon mon mérite ou bien selon des logiques déterministes, archaïques et décourageantes ?
Enfin, ma quatrième remarque est peut-être que cet homme a simplement voulu me tester, et voir comment je réagissais dans une situation un peu inhabituelle et désagréable (mais cette remarque n'annule ni ne remplace certainement pas les précédentes).
Finalement, passé ce profond agacement, je suis allée consulter les statistiques de réussite au premier concours de la magistrature (promo 2010-2011), et je vous les livre ici:
84,93% des présents à l'écrit sont des femmes, et donc 15,07% sont des hommes
83,23% des admissibles sont des femmes, et 16,77% sont des hommes
finalement, 80,46% des admis à ce concours sont des femmes, et 19,54% sont des hommes
Autrement dit, tandis qu'approximativement 10,6% (17 sur 160) des hommes qui se sont présentés sont entrés à l'école de la magistrature, approximativement 7,8% (70 sur 902) des femmes qui se sont présentées sont entrées.
Certes, il faut constater un léger écart statistique, mais:
- il faudrait vérifier s'il se vérifie sur plusieurs promotions
- il faudrait prendre en compte différentes variables et les croiser avec celles du genre: quel est le profil socio-professionnel des étudiants qui se sont présentés et de ceux qui ont été finalement admis, et ce profil est-il uniformément réparti en fonction du genre ? comment les étudiants ont-il préparé le concours (prépa publique, prépa privée, entraînement en groupe, seul, autre ?) et ces manières de faire sont-elles uniformément réparties en fonction du genre ?
Il ne me semble ainsi pas que ces seules statistiques soient très probantes et démontrent que les chances de réussite d'un homme qui se présente à un concours soient significativement plus élevées que celles d'une femme qui se présente à ce concours. En se focalisant sur les différences entre les genres, on finit en fait par les fantasmer et par exacerber la représentation que l'on s'en fait. Tant que l'on ne croise pas le genre avec d'autres variables - qui pourraient très bien se révéler plus pertinentes, dans la mesure où l'écart de réussite constaté pour cette promotion est très faible - on ne peut affirmer de manière certaine que ce soit le facteur le plus déterminant.
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Fin du dialogue :
- Bon, en même temps, on nous dit qu'il est difficile pour une femme de réussir dans les milieux masculins, puisque justement il n'y a pas de femmes. Alors, il faut bien aller quelque part de toutes façons, non ?
- Euh (légèrement embarrassé et un peu surpris)...oui mais là, les hommes se protègent entre eux.
J'ai alors jeté un regard entendu à l'avocat, l'invitant à tirer les conclusions de ses propres propos...pourquoi les femmes dans la magistrature ne protégeraient-elles pas alors les femmes ? C'est quoi cette vision pourrie qu'il me propose du monde en prétendant m'encourager ?
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