Je viens de finir de lire Ouragan, de Laurent Gaudé. Pourquoi le premier mot qui me vient à l'esprit est "mauvais", et le second "inintéressant" ?
Je suis d'autant plus déçue que La Mort du Roi Tsongor, par le même auteur, figure parmi mes livres préférés, et m'a touchée.
Probablement parce que ce livre est bâti sur une pile de clichés, et ne parvient pas à se départir d'une approche douloureusement conventionnelle. Les femmes passent leur temps à se sentir femmes, les noirs à réfléchir sur le fait qu'ils sont noirs, et les prisonniers se dévaluent et se haïssent en tant que tels en permanence. Et cela est gênant pour au moins deux raisons.
Premièrement, je trouve que cela est mal fait. Ces pensées ne sont pas crédibles, et sonnent faux. De tels personnages sont superficiels, uniquement occupés à se voir comme l'homme blanc les verrait, se rejetant eux-mêmes dans leur différence, dans cet "autre" qu'un système de domination ne manque pas de construire. Cette internalisation fantasmée des clichés des dominants est violente, et présente peu d'intérêt littéraire, en particulier dans la mesure où elle semble complétement involontaire et inconsciente. Seuls les hommes blancs n'ont jamais une pensée pour le fait qu'ils sont hommes et blancs.
Deuxièmement, ce livre, sous prétence de réalisme, refuse toute dimension émancipatrice à l'exercice d'imagination et de création littéraire. Manque cruel et désolant d'imagination.
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