vendredi 10 juin 2011

Pourquoi Ouragan est mauvais

Je viens de finir de lire Ouragan, de Laurent Gaudé. Pourquoi le premier mot qui me vient à l'esprit est "mauvais", et le second "inintéressant" ?
Je suis d'autant plus déçue que La Mort du Roi Tsongor, par le même auteur, figure parmi mes livres préférés, et m'a touchée.

Probablement parce que ce livre est bâti sur une pile de clichés, et ne parvient pas à se départir d'une approche douloureusement conventionnelle. Les femmes passent leur temps à se sentir femmes, les noirs à réfléchir sur le fait qu'ils sont noirs, et les prisonniers se dévaluent et se haïssent en tant que tels en permanence. Et cela est gênant pour au moins deux raisons.
Premièrement, je trouve que cela est mal fait. Ces pensées ne sont pas crédibles, et sonnent faux. De tels personnages sont superficiels, uniquement occupés à se voir comme l'homme blanc les verrait, se rejetant eux-mêmes dans leur différence, dans cet "autre" qu'un système de domination ne manque pas de construire. Cette internalisation fantasmée des clichés des dominants est violente, et présente peu d'intérêt littéraire, en particulier dans la mesure où elle semble complétement involontaire et inconsciente. Seuls les hommes blancs n'ont jamais une pensée pour le fait qu'ils sont hommes et blancs.
Deuxièmement, ce livre, sous prétence de réalisme, refuse toute dimension émancipatrice à l'exercice d'imagination et de création littéraire. Manque cruel et désolant d'imagination.

jeudi 2 juin 2011

Liberté sexuelle

 

Réflexion sur l'affaire DSK: Je trouve important en tous cas, quels que soient les faits exacts et l'étendue de sa responsabilité, de souligner que son comportement, et plus généralement ceux d'agressions sexuelles (au sens large), ne relèvent pas de la liberté sexuelle. Le comportement sexuel d'un individu qui dénie à ses partenaires potentiels, envisagés ou réels l'expression de leur liberté sexuelle ne relève pas de la liberté sexuelle. La liberté sexuelle est quelque chose qui se vit à deux (ou plus, pourquoi pas).

Plus généralement: D'ailleurs, je me dis que c'est aussi une des critiques solides que l'on peut adresser à la vision selon laquelle la prostitution, ou au moins son acceptation comme un fait social normal, relève de le liberté sexuelle. Non, elle ne relève pas de la liberté, puisqu'elle ne concerne en réalité que la liberté de l'un des deux acteurs engagés dans la relation sexuelle. Et vivre dans une société qui admet que la prostitution est un lieu d'expression de la sexualité n'est pas vivre dans une société où la sexualité est libre, mais bien où on présente comme normal que la sexualité des dominants (en fonction du genre, mais aussi économiquement) s'exprime au détriment et sans considération de la liberté sexuelle de ceux qui ont moins de pouvoir.