Le petit garçon vit dans un état relativement heureux, jouant avec les enfants de son âge, insouciant, jusqu'au jour où il prend conscience de la protubérance qui l'affecte. Contrairement aux petites filles, il a quelque chose qui dépasse, et qui est pourtant d'une importance moins cruciale dans la perpétuation de l'espèce humaine que ce vagin, relié à cet utérus, qui permettra à la femme de porter un enfant.
Il se rend compte, en outre, que la fillette peut tout à fait se donner du plaisir, grâce à ce merveilleux organe, abrité subtilement dans son sexe, sans qu'il ne soit besoin d'exposer ainsi au monde sa vulnérabilité. Le fait que son sexe dépasse lui fait honte, et il n'en voit aucun bénéfice. Ce sexe protubérant devient sa douleur, sa honte quotidienne, qui l'obsède. Il comprend qu'il n'atteindra jamais la performance de la femme, qui porte tout en elle, de manière à la fois efficace, sécuritaire, et relativement agréable.
Le fait que ses organes dépassent de son corps, pendent, voue le petit garçon, puis l'homme, à souffrir. Il sait que sa vie se construira autour de la protection de cette zone fragile, mais que les chocs, y compris dans le commerce amoureux, seront inévitables. Il aura mal, mais il s'agira d'une douleur à la fois inéluctable et honteuse. Il ne pourra pas s'en plaindre, puisqu'il s'agit finalement de ce qui le constitue fondamentalement, en tant qu'homme.
En grandissant, il ressentira le manque profond de ne pas avoir d'utérus, de n'avoir une capacité d'enfanter que très indirecte. L'envie et la soumission deviendront ainsi ses attributs : il ne pourra en effet devenir pleinement homme que par l'effet d'une femme, qui acceptera quelques instants de le soulager de cet encombrant dépassement, et lui permettra, par sa bienveillance et sa loyauté, de devenir père.
Il ne réalisera en tant qu'homme normal que par l'acceptation de cette soumission au féminin, en sublimant sa honte par le dévouement qu'il apportera à ses enfants, comme un prolongement de lui-même. Un prolongement qui ne sera, cette fois, ni pendouillant ni douloureux à l'occasion. Un prolongement de lui-même dont il pourra être fier.
Plus encore, il se sentira privé, face à la femme qui manifeste son cycle reproducteur chaque mois, d'un réel lien à la marche du monde. Il aura alors tendance à se replier sur lui-même, à devenir acariâtre, voire souffreteux, tant il sentira que son propre corps le rejette de la société humaine.
NB : il s'agit bien d'un pastiche, et non d'opinions personnelles de l'auteure !
NB : il s'agit bien d'un pastiche, et non d'opinions personnelles de l'auteure !